Lucie Doret, la seule divorcée de mon arbre

Ce mois-ci, pour le #Généathème consacré au remariage, je me suis intéressée à mon arrière-arrière-grand-mère, Lucie Doret, mariée à 17 ans, divorcée puis remariée. Elle est d’ailleurs la seule divorcée de mon arbre. Voici donc son histoire.

Lucie Albertine Armandine Doret, plus simplement appelée Lucie, est née le 14 novembre 1889 à Paris, au 37 rue Montmorency dans le troisième arrondissement. C’est là que vivent ses parents, Philibert Doret, un doreur sur métaux originaire du Creusot en Saone-et-Loire, et Élise Profit, couturière venant de Seine-et-Marne. Mariés depuis deux ans, ils ont déjà une petite fille, Jeanne, née l’année précédente en Seine-et-Marne, chez ses grands-parents maternels. Lucie passent ses premières années à Paris, mais un drame viendra noircir son enfance. Sa mère meurt en 1891, à l’âge de 26 ans. Les deux petites filles seront rapidement confiées à de la famille. En 1896, on retrouve en effet la petite Lucie à Jouarre, en Seine-et-Marne, où elle vit dans la famille de sa mère, avec sa grand-mère Louise Jacob et son arrière-grand-père Louis Jacob. Elle a pu également être parfois confiée à ses grands-parents paternels, qui vivent dans une rue voisine de leur fils, à Paris. Philibert Doret se remariera en 1897 mais Lucie n’aura pas d’autres frères et soeurs, sauf une petite fille qui mourra en bas-âge.

Passant au moins une partie de son enfance en Seine-et-Marne, c’est là-bas qu’elle rencontrera celui qui deviendra son époux, Gaston Joseph Tarisien. De cinq ans son aîné, Gaston est boulanger et travaille à Reuil-en-Brie où il est né. Le couple se marie assez jeune, le 12 octobre 1907, dans l’église de Jouarre. Lucie n’a alors que 17 ans. Avec son époux, elle s’installe dans la commune de la Ferté-sous-Jouarre, au 10 rue d’Aubigny. Gaston travaillera comme boulanger chez Monsieur Lefranc et Lucie fera des travaux de couture. Moins d’un an après le mariage, elle accouchera d’un petit garçon sans vie. Après cela, le couple déménage rue Samson. La famille s’agrandira rapidement avec la naissance de James en 1911, puis de Marc en 1913.

La famille Doret en 1914

Mais la guerre éclate en 1914. C’est peut être cela qui fera basculer le mariage du jeune couple. Le 2 août, Gaston est mobilisé par décret de mobilisation générale, comme des milliers d’autres jeunes hommes. Étant boulanger de profession, il ne sera pas tout de suite envoyé au front, mais intégrera une section de Commis. Il deviendra soldat en 1916 au sein du 139è régiment d’infanterie et son courage sera cité. Il sera démobilisé le 3 mars 1919 et rejoindra sa famille à la Ferté-sous-Jouarre. Nous ne savons rien de la vie de Lucie pendant la guerre. Elle a dû travailler pour subvenir aux besoins de ses deux jeunes enfants. Peut être a t-elle travaillé en usine pour soutenir l’effort de guerre comme beaucoup d’autres femmes ? C’est peut être à cette occasion qu’elle découvre la vie en tant que femme indépendante, elle qui s’était mariée jeune.

À un moment de sa vie, elle rencontrera un certain Marcel Harrau, un jeune homme passionné de vélo et conducteur automobile vivant en région parisienne, et de deux ans son cadet. En 1921, il lui conseillera l’Institution Ségaux, pour placer son fils James en pensionnat. Le jeune garçon passera quatre années aux Lilas, en banlieue parisienne, dans ce pensionnat. En 1921, on retrouve également Marc, le fils cadet, qui vit chez une tante paternelle à Saint-Germain-sur-Morin, en Seine-et-Marne. À ce moment là, la vie de famille semble s’être détériorée. Les deux enfants sont séparés et ne vivent plus avec leurs parents, Gaston travaille à La Ferté-sous-Jouarre et est logé avec le boulanger et sa famille et nous ne trouvons pas de trace de Lucie. Six ans plus tard, nous apprenons le divorce du couple, le 15 décembre 1927, prononcé par le tribunal civil de l’Oise. Ce dernier ayant été détruit, nous ne pourront obtenir le jugement de divorce, mais il est annoncé dans un journal de l’Oise, nous apprenant quelques informations.

Article reprenant un extrait du jugement de divorce de Gaston et Lucie en 1927.

On apprend que le divorce est aux torts réciproques de chacun des époux, ce qui signifie qu’aucun d’eux n’est jugé responsable d’une faute comme une infidélité par exemple. Cela explique aussi que chacun des parents se voit confier un enfant. Lucie aura la garde de l’aîné et Gaston du cadet. De plus, nous apprenons que Lucie vit à Levallois-Perret, en région parisienne, au 31 de la rue Fromont. En jetant un oeil au recensement de 1926 à cette adresse, nous retrouvons bien Lucie qui y vit avec son fils James et Marcel Harrau, l’homme qui lui avait conseillé l’institution Ségaux quelques années auparavant. Lucie est désignée comme une « amie » de Marcel. Cela laisse entrevoir que Lucie et Marcel pourrait avoir une relation amoureuse, ce qui sera confirmé l’année suivant le divorce. En effet, le 15 décembre 1928, presque un an jour pour jour après le divorce, Lucie épouse Marcel à Levallois-Perret.

Acte de mariage de Lucie Doret et Marcel Harrau en 1928

Plus tard, Lucie et Marcel s’installent à Paris, au 36 rue Saint-George, où ils ouvrent une boutique de vélos, la passion de Marcel, qui a quitté son emploi de chauffeur. La boutique se trouvait au rez-de-chaussé et eux vivaient à l’étage. La boutique a aujourd’hui disparu, remplacée par un restaurant.

La vie de Lucie et Marcel sera heureuse. Ils la partageront pendant près de vingt ans, jusqu’au décès de Lucie le 20 octobre 1949, à l’âge de 59 ans. Marcel se remariera l’année suivante et vivra assez vieux, s’éteignant en 1971. Gaston, le premier époux de Lucie, lui survivra 5 ans et ne se remariera jamais.

Lucie et ses deux fils, James à gauche et Marc à droite.
Lucie et sa petite-fille Monique, fille de Marc
Lucie et Marcel, à droite, avec Marc, le fils de Lucie, son épouse Marguerite et leur fille Monique

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