Jean Bertin LEBLANC, marin pêcheur du Calvados

Vous le savez, j’aime raconter les récits de vie de mes ancêtres en me basant sur les ressources archivistiques que j’ai pu retrouver à leurs propos. Intéressons nous donc à Jean Bertin LEBLANC, l’un de mes ancêtres maternels, grand-père d’Emile Benoni LEBLANC, enfant abandonné à l’hospice de Paris en 1844

Son enfance

La famille de Jean Bertin est originaire du littoral du Calvados et plus précisément de plusieurs communes de la vallée de la Touques, rivière coulant entre Pont L’Évèque et la mer, passant par Deauville et Trouville, qui n’étaient alors que de simples villages, loin des stations balnéaires que l’on connait aujourd’hui.

Carte de Cassini – Géoportail.gouv.fr

Jean Bertin naît par un froid jour d’hiver, le 20 novembre 1783, à Saint-Arnoult. L’enfant est faible et l’on craint pour sa vie, il est donc ondoyé à la maison, peu après sa naissance. Mais il survit et est donc baptisé convenablement le lendemain, dans l’église du village. Il a pour parrain un bourgeois de la ville de Paris, le sieur Bertin Zacharie Joseph SANVILLE, qui lui donna son prénom, « Bertin ». Sa marraine est une femme de la paroisse.

Jean Bertin LEBLANC est le premier enfant de Jean Baptiste Casimir LEBLANC, cordonnier, et de Marie Anne Catherine VAUCLIN, qui ont convolé en justes noces deux mois jour pour jour avant la naissance de leur fils. Après Jean Bertin naîtront cinq filles puis un garçon, en 1798. Mais la petite famille quitta rapidement le village de Saint-Arnoult pour s’installer à Honfleur, au milieu des années 1780. En effet, seul Jean Bertin est né à Saint-Arnoult. Dès 1788, les enfants naîtront ensuite tous à Honfleur, dans le quartier de l’église Saint-Léonard.

Église St-Léonard

Son mariage

Nous retrouvons la trace de Jean Bertin à l’occasion de son mariage, le 19 novembre 1808. Il a alors 25 ans. Le mariage a lieu à Honfleur, où Jean Bertin épouse Marie Victoire VASSE. La jeune épouse est âgée de 22 ans et réside à Honfleur, sa commune de naissance, avec sa mère. Au moment du mariage, notre jeune Jean Bertin réside lui aussi à Honfleur où il exerce la profession de marin. Rompant avec les professions plus terre à terre de ses ancêtres, Jean Bertin embrasse la profession de marin. Est-ce l’appel du grand large ou bien la simple opportunité d’exercer ce métier dans une ville peuplée de marins qui le pousse dans cette voie ? 

Après le mariage, le couple aura neuf enfants. Les cinq premiers naissent à Honfleur entre 1809 et 1817. Grâce aux actes de naissance de ces enfants, nous apprenons que la famille résida tout d’abord rue Charrière Saint Léonard, puis rue Haute en 1814, rue de l’Homme des bois en 1816 et enfin rue de la ville en 1817. Au moment de la naissance de Marie Anne Rosalie en 1817, Jean Bertin est d’ailleurs absent, probablement parti en mer. 

Après cela, nous retrouvons la petite famille à Dieppe, à une centaine de kilomètres au nord d’Honfleur, sur la côte de la Seine-Maritime.

Dieppe, Carte de l’État-Major – Géoportail.gouv.fr

Là-bas, ils s’installe au 4 rue Canu, où naîtront Rosalie Reine en 1821 puis Arsène Désiré en 1824. En 1827, la famille à déménagé pour habiter au 14 rue Parmentier, toujours à Dieppe. Cette année là, le jeune Arsène Désiré meurt, tout comme une petite fille deux mois plus tard, le lendemain de sa naissance. Sur tous ces actes d’état-civil, il est indiqué que Jean Bertin est maître de barque et qu’il est actuellement en mer. Mais la famille retournera habiter à Honfleur où naîtra le petit dernier de la fratrie en 1833. Seuls trois enfants du couple décideront en bas âge, tous les autres se marieront. Les trois aînés s’établiront à Dieppe. Une fille ira vivre au Havre tandis que Rosalie Reine s’installera à Dieppe après être passée par Paris. Le benjamin se mariera à Grandville mais s’installera lui aussi à Dieppe. Les filles travailleront comme couturières ou femme de chambre mais tous les garçons suivront les traces de leur père comme marins. Les deux aînés recevront d’ailleurs la Légion d’Honneur pour leur travail de maîtres de barque. 

Sa carrière de marin

Afin d’en savoir plus sur la carrière de marin de Jean Bertin LEBLANC, j’ai consulté les archives de l’inscription maritime du Syndicat de Honfleur, espérant y retrouver sa trace. Et j’ai eu de la chance ! Jean Bertin est en effet inscrit le 3 septembre 1814 sous le numéro matricule 422 dans le registre des marins « novices ». C’est le second grade après celui de mousse et avant d’être matelot puis capitaine.

En ligne – AD 14 – Inscription maritime – Honfleur – an XI-1816 – 7R/57 – P.37/83

Mais rappelons nous que Jean Bertin est déjà marin en 1808 alors que son inscription date de 1814. En y regardant de plus près, on découvre qu’il a en effet « fait la pêche au grand chalut depuis six ans ». En 1808, Jean Bertin débutait donc sa carrière de marin pêcheur !

Ce registre nous donne plus d’information sur les différentes pêches auxquelles à participer notre marin, en 1813, 1814, 1820 ou encore 1821. Ces années là, il est alors matelot, ce qui indique une montée en grade. On remarque aussi qu’il fut exempté de la levée du 9 mai 1815 car estropié à la main droite. Peut être s’est-il blessé au cours d’une sortie en mer, les blessures étant courantes dans ce métier.

Enfin, Jean Bertin est rayé le 14 février 1834 par ordre du ministre car il a 50 ans. Cependant, il continua a exercer son métier puisqu’il est toujours indiqué marin dans les actes de mariage de plusieurs de ces enfants. Le 8 octobre 1834, il est même consentant mais absent du mariage de son fils aîné. Il est donc surement en mer à ce moment là. 

Son décès

Jean Bertin et sa femme quitteront Honfleur une nouvelle fois puisqu’on les retrouve dans le recensement de Dieppe en 1841. Ils résident rue Beauregard avec les deux derniers enfants. Mais le 17 décembre 1843, son fils Emmanuel Désiré et son gendre Félix Gervais VARNIER se présentent à la mairie pour déclarer son décès. Jean Bertin LEBLANC s’est éteint ce 17 décembre 1843 à quatre heures du matin, à son domicile. Il avait 60 ans et travaillait encore comme marin pêcheur.

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