Gustave Louis TARISIEN, une vie mouvementée face à la justice – Partie 2

Après une jeunesse mouvementée, racontée dans cet article, faîte de désertions militaires et de délits plus ou moins graves suivis de condamnations, Gustave Louis TARISIEN retourne s’installer à la Ferté-sous-Jouarre, où il a grandi, en 1898. Déjà connu des habitants de la région pour des faits de violence lorsqu’il a bu, son comportement va s’aggraver et sa vie s’achever par un fait divers qui sera raconté dans les journaux. 

En mars 1900, on retrouve la trace de Gustave dans le journal. Il avait en effet agressé le cantonnier de la commune de Chamigny, avec deux comparses, et avait frappé d’un coup de clef de voiture M. FIMBEL, boulanger. Il est condamné à quatre mois de prison mais fait opposition à ce jugement. Mais il a déjà un lourd passé et la peine ne sera réduite que d’un mois. Le 22 avril, nouvelle affaire. Le Journal de Seine-et-Marne raconte « Les exploits de Tarisien », qui agresse Eugène COUVREUR, un ouvrier maçon de 27 ans. Les affaires de violence s’enchainent, Tarisien à l’alcool mauvais. En janvier 1901, il s’en prend au couple CARRIER et c’est madame Oudart, une veuve voisine, qui intervient pour faire cesser les brutalités. Quelques mois plus tard, il sera inculpé de coups et blessures et condamné à six mois de prison et cinq ans d’interdiction de séjour. Mais il fait opposition à sa peine et madame OUDART, qui avait témoigné contre lui lors du premier procès, change de version et soutient cette fois ci l’accusé.

Il fait aussi parler de lui pour ses liaisons. En mai 1901, il vit ainsi en concubinage avec la veuve POUPART, 85 rue de Reuil, toujours à la Ferté-sous-Jouarre. Mais la veuve accorde ses faveurs à un autre, M. Emilien Sénateur HORTVILLE, que Gustave Louis TARISIEN surprend sortant de chez lui. Le lendemain, il se rend donc chez ledit monsieur, armé d’une hâche.  Il casse la porte avec et menace HORTVILLE à travers la porte de sa chambre fermée à clef. Il entamera, selon les rumeurs locales, une relation avec la veuve Oudart, témoin de l’affaire citée plus haut. C’est peut être ce qui la fera changer de version sur ladite affaire. 

Après toutes ces péripéties, nous apprenons le dernier chapitre de la vie de Gustave Louis TARISIEN par le Journal de la Seine-et-Marne. L’affaire fait du bruit et se retrouve même dans le journal Le petit Parisien !

Tout commence le 18 mars 1902 quand Mr JULES, jeune manoeuvrier de 16 ans habitant avec ses parents sur un bateau amarré en bord de Marne, voit passer dans l’eau le cadavre d’une femme. Les gendarmes sont appelés et le cadavre remonté. Il apparait immédiatement « que cette femme avait fait un long séjour dans la rivière et avait été assassinée » d’après le journaliste du Journal de la Seine-et-Marne. Tout cela est confirmé par le docteur LAGARDÈRE, appelé sur les lieux, qui remarque des traces de violence sur le corps: trois plaies temporales et frontales faites avec un instrument contendant, des traces de strangulations et des ecchymoses au tibia droit. En plus, ses chevilles étaient attachées et le corps à moitié caché dans un grand sac à charbon… aucun doute, c’est bien un meurtre ! Très rapidement, le corps est identifié comme celui de Mme OUDART, qui n’avait pas donné signe de vie depuis le 10 décembre 1901. Le journaliste du Petit Parisien, peu respectueux de la pauvre femme, n’hésite pas à expliquer que la victime a été identifiée à cause de son physique peu flatteur particulièrement reconnaissable: elle « était affligée d’une forte barbiche qui donnait à sa physionomie une expression masculine peu séduisante ». Aussitôt l’identité de la victime dévoilée, la rumeur locale enfle, le meurtrier serait le fameux Gustave Louis TARISIEN ! En effet, la femme avait participer au procès opposant TARISIEN aux époux CARRIER, quelques mois plus tôt, et, toujours selon la rumeur, TARISIEN et la veuve OUDART vivraient même en concubinage depuis lors ! Entre désir de vengeance suite au procès, querelle amoureuse ou coup de folie lié à l’alcool, toute la région accuse Gustave Louis, déjà bien connu pour ses diverses arrestations, faits de violence, coups d’éclats, agressions et pour son alcoolisme. Et cerise sur le gâteau, il a lui aussi disparu, depuis deux mois ! 

Pour l’enquête, les magistrats se rendent aux hameau de la Gambière, où habitait la victime, qui louait une partie de son logement à l’assassin présumé, afin de faire un état des lieux de la potentielle scène de crime. Le rez-de-chaussée n’apporte aucune information aux enquêteurs, mais la porte du premier étage où vit TARISIEN était fermée. Un serrurier est appelé pour l’ouvrir et les enquêteurs découvrent ce qu’il était advenu de Gustave Louis TARISIEN. Il reposait dans son lit à côté d’un réchaud au charbon de bois. Le corps, en état de complète putréfaction, prouve que la mort remonte à quelques semaines… le meurtrier s’est asphyxié en bouchant toutes les aérations de son logement et en allumant son réchaud ! Sa mort doit remonter aux derniers jours de janvier 1902, le mois suivant le meurtre de Mme OUDART. La nouvelle de la mort de Gustave Louis TARISIEN fit sensation dans la région et son histoire remonta jusqu’à Paris, faisant l’objet de deux articles dans le journal Le Petit Parisien. Ces articles sont une véritable mine d’informations et présentent surtout plusieurs illustrations dont un portrait du fameux Tarisien, me permettant de mettre un visage sur son nom et son parcours haut en couleur !

Extrait d’un article du Petit Parisien présentant le portrait de Louis Tarisien, appelé Léon dans le texte.

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