Gustave Louis TARISIEN, une vie mouvementée face à la justice – Partie 1

Jean de La Bruyère a dit que nous descendons tous d’un roi et d’un pendu. Et bien j’ai trouvé mon pendu ! Enfin pas tout à fait. Je vais vous raconter l’histoire mouvementée de Gustave Louis TARISIEN, le fils du frère de mon arrière-arrière-arrière-arrière grand-père. S’il n’a pas été pendu comme dans le proverbe, il a eu recourt à la justice tout au long de sa vie qui finira par un terrible crime relaté dans les journaux de l’époque. Voici donc son histoire, qui commence dans un paisible village des bords de Marne.

Carte de l’État-major – Région de la Ferté-sous-Jouarre en Seine-et-Marne – Source: IGN Remonter le temps

Nous sommes à Reuil-en-Brie, village voisin de La Ferté-sous-Jouarre, chef lieu du canton du même nom. Parmi les 400 habitants se trouve la famille Tarisien, qui vit dans la rue de l’Eglise, aujourd’hui appelée rue de Rohan.

Rue de Rohan ou rue de l’église, Reuil en Brie – Source: AD 77

Louis Constant TARISIEN, meulier d’une trentaine d’année vit avec sa femme Victoire Albertine FLAMANT, manoeuvrière de 21 ans. Elle est sa deuxième épouse, qu’il épouse le 28 janvier 1860 à Montreuil-aux-lions, dix mois après le décès de sa première femme qui le laissa veuf avec une petite fille de sept ans à charge. L’année 1859 apporta au pauvre homme son lot de malheur avec le décès en couche de sa femme suivi quelques jours plus tard de la mort du nouveau né. Le mois suivant, c’est sa fille cadette qui est emportée à son tour. Il se remarie donc très vite et la famille s’agrandit en 1861 avec l’arrivée de Albertine Adèle. Gustave Louis voit le jour deux ans plus tard, le samedi 28 février 1863, dans la maison de ses parents près de l’église. Il est le premier fils de Louis Constant. Les naissances se poursuivent avec Léon François en 1865, Auguste Henri en 1868 puis Louise Emelie en 1869. Cette dernière nait à Montplaisir, hameau de La Ferté-sous-Jouarre où la famille à récemment déménagé.

La vie suit sont court mais la famille est probablement assez pauvre, la femme et les enfants travaillant pour subvenir à leurs besoins. Ils leur arrivent de prendre un nourrisson en nourrice pour compléter les revenus. Aucun des parents ne sait signer. Lors du recensement de 1872, la petite famille vit rue de Reuil, toujours à la Ferté-sous-Jouarre. Notre Gustave Louis à 9 ans et apparait sous le prénom d’Albert.

Recensement de La Ferté-sous-Jouarre en 1872 – Source: AD 77

Sa demi-soeur Louise s’est mariée l’année précédente. Mais poussé par le besoin, le jeune garçon se rend coupable de vol à l’âge de 12 ans. Il sera jugé au tribunal correctionnel de Meaux qui le juge coupable mais ayant agit sans discernant au vu de son jeune âge. La peine est sévère, il sera enfermé en maison de correction jusqu’à sa majorité. C’est lors de ces années, privé de liberté, que commence la déchéance de Gustave Louis. Pendant ce temps là, nous perdons la trace de sa mère, probablement partie travailler à Paris. En effet, lors du recensement de 1876, seul son père est présent, avec Albertine Adèle « Ernestine » agée de 16 ans, Léon, 11 ans et Auguste 9 ans. La plus jeune fille a dû partir avec sa mère à la capitale. Louis Constant décèdera en 1881.

Deux ans plus tard, nous retrouvons la trace de Gustave Louis, qui a alors 19 ans. Cette année sera chargée pour le jeune homme, qui ira de condamnation en condamnation pour différents délits. Le 26 janvier, il est condamné pour filouterie d’aliments à un mois de prison et 16 francs d’amendes. En juin, c’est pour violence et voies de fait volontaires, tapages nocturnes et injurieux. Il fera trois jours de prison mais sera amendé des onze francs de contravention. Sorti de la maison de correction, le jeune Louis doit être perdu et vit probablement à la rue, ce qui l’amène à voler et à boire. Cet enfermement n’aura fait qu’aggraver son comportement pour le faire devenir délinquant en série. Le 17 aout de la même année, il est jugé pour vol de récoltes détachées du sol. Il sera condamné à quarante jours de prison. Enfin, le 14 septembre, le même tribunal le condamne à deux mois de prison pour coups et blessures volontaires. A tout juste 20 ans, son casier judiciaire est déjà bien rempli, avec cinq condamnations.

Extrait de la fiche matricule de Gustave Louis Tarisien – Source: AD 77

Mais les choses vont peut être changées. Il a en effet 20 ans et l’heure du service militaire approche. Le 24 janvier 1884, il se rend au tirage au sort du canton qui a lieu à la Ferté-sous-Jouarre. Il tirera le numéro 6, un « mauvais numéro ». Le conseil de révision le juge bon pour le service et le dirigera vers un bataillon regroupant des militaires libérés ou sanctionnés pendant leur service. C’est le 3e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Un séjour sur le continent africain lui fera t-il oublier la délinquance ? Non. Il arrive au corps, à Philippeville en Algérie, le 7 janvier 1885. Mais six mois plus tard, il est absent lors du contrôle des troupes et sera compté comme déserteur le lendemain. Il rentrera volontairement le 7 juillet avant de déserter une nouvelle fois le 22 juillet. Il sera arrêté deux jours plus tard mais repartira le 27 juillet. Il sera déclaré déserteur le 3 aout puis rayé du contrôle des troupes pour longue absence le 3 février 1886, soit huit mois après son départ. Le jeune homme revient en France et à de nouveau affaire à la justice.

Nous le retrouvons à Bourges, dans le Cher, où il est condamné à 1 mois de prison pour filouterie et vagabondages. Après avoir fuit le service militaire, il se retrouve probablement à la rue et vol pour survivre. Mais il se fait passer pour un autre puisque sa condamnation est prononcée pour Albert LOS avant d’être confirmée en mars 1887 sous sa véritable identité. Le prénom Albert lui avait été donné sur un recensement alors qu’il avait neuf ans. En février 1887, il se retrouve au tribunal correctionnel de Fontainebleau, dans le sud de la Seine-et-Marne, où il est condamné de nouveau pour vagabondage. Le 21 avril 1887, il est condamné par le Cour d’Appel de Limoges à deux ans de prison et cent francs d’amende pour coups et blessures et outrages publics à la pudeur.

Deux ans plus tard, nous le retrouvons pour un nouveau jugement. Le conseil de guerre de Constantine, en Algérie, le juge pour sa désertion lors de son service militaire. Il sera condamné à 10 ans de travaux publics par jugement exécutoire du 17 aout 1889. L’armée le renvoi donc faire son service puisqu’il rentre au corps le 10 octobre de la même année. Mais il ne s’est pas assagit. Il déserte une nouvelle fois, le 7 janvier 1890 et le conseil de guerre le condamne 6 mois plus tard à 5 ans de prison pour désertion à l’intérieur en temps de paix avec emport d’effets. Puis, aucune nouvelle pendant plusieurs années. Est-il en prison ? A t-il fuit ? Fin 1897, soit sept ans plus tard, il passera au 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique et ira en Tunisie pendants quelques mois. Au milieu de l’année 1898, il est libéré de son service militaire, il alors 33 ans et son certificat de bonne conduite lui est évidemment refusé, au vu de son service chaotique. Il rentre à La Ferté-sous-Jouarre où il deviendra un personnage bien connu des habitants.

Découvre la suite de son histoire !

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