26 questions pour écrire la vie d’un ancêtre: Alexis Nicolas Daage

Aujourd’hui, petit exercice d’écriture ! J’ai repris la liste des « 26 questions pour écrire la vie d’un ancêtre » créée par Elise Lenoble sur son blog Auprès de nos racines pour tenter de raconter la vie d’Alexis Nicolas Daage, mon AAAAA-grand-père.

1. Où a t-il vécu les premières années de sa vie ?

Alexis Nicolas Daage nait à Luzancy, village des boucles de la Marne, située en Île-de-France, proche des routes de Champagne. Il passe les neuf premières années de sa vie dans ce petit village de cinq cents habitants où son père est clerc paroissial. En 1795, son père est muté à Cocherel, à une quinzaine de kilomètres de Luzancy, plus en retrait de la Marne, puis à Varreddes l’année suivante. Ces déménagements successifs le long de la Marne rapprochera la famille de la ville de Meaux et le fera s’installer dans une ville de plus grande envergure. Varreddes compte en effet plus de 1200 habitants quand la population de Cocherel et Luzancy ne dépassait pas les 500 habitants. Au moment de l’installation d’Alexis Nicolas et de sa famille, Varreddes est une ville de moyenne importance. Le village se situe dans la vallée de la Marne, encaissée entre de petites collines de 50 à 100m d’altitude, couvertes de vignes et de petits bosquets. Les bâtiments se trouvent de part et d’autre de la route nationale n°36 qui relie Melun, chef-lieu du département, à Soissons. Le village s’est également développé au sud de cette route, le long de chemin menant au moulin et aux bords de Marne. Au début des années 1800, la ville voit se construire le canal de l’Ourcq qui contournera la commune, l’entourant sur trois côtés. La ville se compose d’habitations couvertes de tuiles ainsi que des bâtiments de culture en chaume, des granges et des hangars qui disparaîtront progressivement. La grande rue compte des petits commerces comme des bouchers, charcutiers, boulangers, épiciers, aubergistes et sabotiers. C’est une ville rurale vivant principalement de la petite culture de la vigne et du chanvre ainsi que de divers légumes comme des carottes, des pommes de terres, des panais ou des betteraves. La production de fromage de Brie est également l’un des moteurs de l’économie locale. La culture du vin, du fromage et des légumes fonctionne bien grâce à la proximité de Meaux où de nombreux marchés ont lieux comme la foire de Meaux qui attire les acheteurs de filasse de chanvre de Varreddes, dont la qualité est reconnue.

2. Quelles ont été les circonstances de son baptême ?

Alexis Nicolas est baptisé dans l’église Saint-Germain-Saint-Leu de Luzancy le lundi 27 août 1787, le lendemain de sa naissance. Ses parrain et marraine, Jean Nicolas Chiboust et Alexis Dalle, sont des habitants du village. On remarque que Alexis Nicolas a pris le nom de ses parrain et marraine.

3. Quelles étaient les conditions de vie de ses parents ?

Au moment de sa naissance, les parents d’Alexis Nicolas sont mariés depuis près de quatre ans et ont déjà eu une petite-fille, morte en bas-âge. Le père d’Alexis Nicolas, Antoine, est clerc paroissial, c’est-à-dire qu’il assiste le curé dans les aspects pratiques de la gestion de l’église. Il assure également la classe aux enfants de la paroisse. Il deviendra par la suite instituteur. Ses revenus sont donc assurés et la famille vit plutôt correctement. A Varreddes, son père cumule plusieurs fonctions, comme le veut la coutume dans le village. Certaines fonctions publiques ne sont pas rémunérées, comme celles de greffier, d’officier municipal et de membre du conseil. Son salaire d’instituteur est composé de la rétribution scolaire et des revenus rapportés par la mise en place de cours du soir pour adultes pendant l’hiver. A cela s’ajoutent les revenus de clerc paroissial et d’arpenteur, même s’ils sont faibles. Enfin, la distribution de l’eau bénite pendant la messe dominicale est payée en nature: les villageois lui offrent du pain, permettant de nourrir sa famille. Au total, le salaire annuel peut s’élever à 600 francs. Cela équivaut à 2 à 4 fois le salaire annuel d’un journalier et est un peu plus élevé que le salaire d’un domestique en ville. En plus de cela, la famille ne doit pas payer pour son logement. Quelques années avant sa prise de poste à Varreddes, c’est un membre de la famille Daage qui a acheté le local de l’école et les habitations de l’instituteur, lors de la vente des biens du clergé, suite à la révolution française.

4. A-t-il connu des deuils dans son enfance ?

Alexis Nicolas Daage a connu un deuil important durant sa petite enfance. En effet, sa mère meurt en 1795 alors qu’il n’a que sept ans. A l’âge de 16 ans, il perdra également sa grand-mère paternelle, Marie Bailleux, mais il ne l’a pas bien connu puisqu’elle vivait à quelques dizaines de kilomètres, dans la commune où son père a grandit.

5. Quels événements (nationaux ou locaux) a t-il pu connaître dans son enfance ?

Alors qu’il est âgé de deux, la Révolution Française éclate. Sa petite enfance se passe dans un climat relativement tendu pour l’État, notamment à Paris. Mais la révolte gronde aussi dans les campagnes et probablement en Seine-et-Marne, assez proche de la capitale. Durant toute la fin du XVIIIè siècle, la France se trouve sous le régime de la terreur et est en guerre contre la Prusse et l’Autriche ainsi que l’Espagne au sud. Au début des années 1800, c’est la mise en place du service militaire et les guerres napoléoniennes, qui maintiennent un climat tendu pour les Français.

6. Quels membres de sa famille a-t-il connus ?

Alexis Nicolas à bien connu son père, sa belle-mère, son demi-frère et ses quatre demi-soeurs, il est d’ailleurs témoin au mariage de deux de ses soeurs, ainsi qu’au décès de son père et de son frère. Son métier d’instituteur l’a cependant éloigné de son village d’origine, Montreuil-aux-lions, où ont vécu ses grand-parents, ses oncles et tantes, ses cousins… Il est cependant retourné y passer sa retraite, ce qui laisse penser qu’il a gardé des liens avec sa famille paternelle.

7. A t-il connu des périodes de guerre ou d’occupation ?

De nombreuses guerres ont eu lieu durant l’enfance d’Alexis Nicolas. Les guerres de la Révolution Française, suite au changement de régime de la France, touche le pays de 1792 à 1802, suivit des guerres Napoléoniennes, entre 1803 et 1815.

8. Dans quel type d’habitat vivait-il ?

En tant que fils d’instituteur, puis instituteur lui même, Alexis Nicolas a eu la chance d’être bien logé tout au long de sa vie. Grâce aux monographies communales rédigées durant la deuxième moitié du XIXè siècle par les instituteurs des communes et expliquant notamment l’instruction dans les villages, nous avons une description, et même des croquis des écoles et des lieux d’habitation de l’instituteur.


Ainsi, Alexis Nicolas grandi à Varreddes, dans un bâtiment proche de l’église et accolé au cimetière du village, au 2 rue de l’Échauderie. Le bâtiment, dont la famille Daage est propriétaire, se compose d’une salle de classe, grande pièce de cinquante mètres carré, dépourvue de carrelage et percée de quatre fenêtres à guillotines. Deux autres pièces servent de logement à l’instituteur et à sa famille. La première pièce sert de cuisine, de salle à manger et de chambre. Une seconde pièce, en enfilade, sert de chambre pour les enfants.

Devenu adulte, Alexis Nicolas enseigne au village de Chamigny entre 1821 et 1827. Là-bas, le local de l’école est plus petit puisque la salle de classe mesure 25 mètres carré et n’est percé que de deux fenêtres à guillotine. Le logement du maître est situé à l’étage et se compose d’une antichambre, d’une chambre à feu convenable pour l’époque et de deux petites chambres de six mètres carré chacune. Il y a en plus un grenier et une petite cave.

9. Quel était son niveau d’instruction ?

En tant que fils d’instituteur, Alexis Nicolas à connu une bonne instruction. Il a appris à lire, écrire et compter et à des notions de latin notamment. A Varreddes, le niveau d’instruction est d’ailleurs assez élevé grâce à la présence d’une école de garçons et d’une école de filles dès la XVIIè siècle. Entre 1740 et 1761, seuls 13% des époux sont illettrés ! Mais l’instruction se dégrade avec les troubles de la Révolution Française. Les garçons de la famille Daage sont bien instruits, ils deviennent d’ailleurs tous les deux instituteurs par la suite. Les filles savent toutes signer leur acte de mariage, d’une écriture soignée.

10. A t-il été mêlé à des affaires judiciaires ?

Je n’ai pas d’informations concernant d’éventuelles affaires judiciaires concernant Alexis Nicolas Daage.

11. A t-il porté le képi ? / a t-il fait son service militaire ?

En 1808, alors que Alexis Nicolas a vingt ans, il se rend à Meaux, chef-lieux du canton, afin de participer au tirage au sort qui déterminera s’il doit effectuer son service militaire. Il tire le numéro 78, qui semble être un « bon » numéro. C’est-à-dire qu’il ne devra pas effectuer de service militaire. Mais au moment de son mariage en 1815, il est indiqué comme étant sergent major au 54è régiment d’infanterie de la ligne, 3ème compagnie des grenadiers. A t-il pu s’engager plus tard dans l’armée ou être appelé à l’activité pour participer aux guerres napoléoniennes, la France étant envahie en 1814 ?

12. Quelle langue ou patois parlait-il ?

Vivant en Île-de-France, Alexis Nicolas parle le français, avec un patois orléanais, peut-être champenois.

13. Quelles ont été les circonstances de son mariage ?

Alexis Nicolas Daage épouse une jeune fille du village d’origine de sa famille, Montreuil-aux-lions. Le mariage a lieu dans l’église Saint-Martin de la petite commune, en présence des parents et amis. Alexis est accompagné de son père et de sa belle-mère, qui l’a élevé, et d’un cousin d’une cinquantaine d’année. Il a alors 27 ans et est instituteur et militaire. Sa fiancée, Marie-Thérèse Chartier a quant à elle 10 ans de moins et est orpheline. Elle est accompagnée de son tuteur, de son frère ainé et de deux oncles.

14. Comment a t-il nommé ses enfants ?

Le couple n’aura que deux enfants, deux garçons. Le premier est appelé Jules Alphonse, le second Louis Augustin. Ces prénoms n’apparaissent pas dans leur famille, peut être viennent t-ils des parrains et marraines ? Quoi qu’il en soit, les parents ont choisi des prénoms dont la popularité est en hausse à cette époque, des prénoms assez à la mode.

15. Quelles étaient ses occasions d’aller à la ville ?

Alexis Nicolas fréquence le centre-bourg au quotidien puisqu’il y vit et y travaille. Il a probablement l’occasion de fréquenter de plus grandes villes, comme Meaux à l’occasion de foires par exemple, ou même Paris où son frère a travaillé et s’est marié.

16. A t-il été propriétaire de biens ?

Alexis Nicolas Daage est propriétaire de 25 parcelles dans la commune de Varreddes, toutes héritées de son père en 1833. Il s’agit principalement de terres, de quelques vignes, bois et friches, ainsi que d’un verger dans le village. Il a également hérité de la parcelle D356, jouxtant le cimetière et ayant servi d’école pendant près de 40 ans. C’est là qu’à enseigné son père, Antoine, et que Alexis Nicolas à grandi. Il se séparera de trois de ces parcelles entre 1843 et 1849, mais restera propriétaire de toutes les autres jusqu’à sa mort. De part son métier d’instituteur, il est logé par la commune où il travaille, dans les bâtiments de l’école, dont il n’est donc pas propriétaire de son logement. Cependant, il est également probablement propriétaires de biens sur la commune de Montreuil-aux-lions d’où est originaire sa famille paternelle, et où il décèdera.

17. Dans quel quartier vivait-il ?

En tant que fils d’instituteur puis instituteur lui-même, Alexis Nicolas à toujours vécu dans le centre des villages qu’il habitait. Que ce soit à Varreddes où il a grandi, ou bien à Aulnoy, Chamigny puis Germigny l’Évèque, où il a travaillé, Alexis Nicolas vivait dans les bâtiments de l’école, proche de l’église le plus souvent, en plein coeur du village, proche des commodités.

18. Quels étaient les revenus de son foyer ?

A Germigny l’Évèque où Alexis Nicolas a travaillé pendant 11 ans, entre 1829 et 1839, les revenus du maître d’école pouvaient monter à 350 francs par an. Il participait également aux moissons, comme journalier probablement, faisait les arpentages sur la commune et servait de clerc paroissial, ce qui permettait d’augmenter un peu les revenus de son foyer. Ces revenus dépassent à peine ceux d’un homme travaillant comme ouvrier agricole. On peut cependant penser que sa femme travaille également et qu’ils sont propriétaires de terres louées ou cultivées. Mais l’avantage de l’instituteur c’est qu’il ne paie pas de loyer puisqu’il est logé dans l’école, ce qui préserve une partie des revenus.

19. Quel pouvait être son environnement sensoriel ?

Alexis Nicolas Daage a toujours vécu dans des villages et villes de campagne. Il est donc bercé par les bruits et les odeurs de la nature et du travail agricole, mais aussi par les cloches de l’église, toute proche de sa maison puisqu’il vit dans les locaux de l’école. Il connait l’activité des centre-bourgs, accompagnés des bruits de conversations, des cris des commerçants et des jeux d’enfants, ainsi que par les odeurs provenant de la boulangerie ou de la forge. C’est donc un environnement sensoriel très stimulant, fait des sons et d’odeurs divers, entre ville et campagne.

20. Quel était son environnement de travail ?

Alexis Nicolas à toujours travaillé dans les salles de classe. Il s’agit le plus souvent d’une grande pièce rectangulaire de 25 à 50 mètres carré, percées de fenêtres à guillotine. Des bancs contre les murs accueillent les élèves les plus jeunes et le centre de la pièce est occupé de grandes tables avec des bancs de part et d’autre, pour les élèves plus âgés. Il a donc toujours travaillé en intérieur, au coeur des village.

21. Quels ustensiles était-il amené à utiliser dans son travail ?

Alexis Nicolas Daage est souvent amené à utiliser des livres pour instruire les enfants des villages où il est instituteur. Selon les communes et les années, les salles de classes sont parfois agrémentées d’un tableau d’ardoise où le maitre écrit à la craie blanche. Un globe terrestre peut servir pour enseigner la géographie. Il est également amené à beaucoup écrire et se sert donc souvent d’une plume, d’un encrier et de papier buvard. Une grande baguette peut également l’aider dans son métier, pour indiquer des choses ou punir les élèves récalcitrants.

22. A t-il eu l’occasion de voyager ?

Alexis Nicolas à parcouru la Seine-et-Marne grâce à son métier d’instituteur puisqu’il changeait d’affectation régulièrement. Il a probablement eu l’occasion de se rendre à Paris où sont frère s’est installé et où il s’est marié, en 1831. Enfin, au moment de son mariage en 1815, il est indiqué qu’il est sergent major au 54è régiment d’infanterie de ligne, au sein du 3eme bataillon des grenadiers. Ce régiment était en Belgique en 1815 et a notamment participé à la célèbre bataille de Waterloo. On peut pensé que l’armée l’a fait voyager, mais peut être a t-il très peu combattu, étant instituteur.

23. Quelles étaient les voies de communication principales ?

A Chamigny passent deux grandes voies de communication. La route 80 est locale. Elle longe la Marne et relie toutes les communes de sa vallée, notamment la Ferté-sous-Jouarre, proche de Chamigny. La commune est aussi longée par la belle route nationale de Paris à Strasbourg. La commune de Germigny l’Évèque n’est quant à elle traversée que par de petits chemins. Mais on peut rejoindre facilement la grande route de Meaux à la Ferté-Millon qui passe dans le village voisin de Varreddes, où Alexis Nicolas Daage a passé son enfance. Vers 1849 est également mis en service la voie de chemin de fer reliant Paris à Strasbourg et passant par Meaux, La Ferté-sous-Jouarre et Château-Thierry.

24. A t-il connu l’exode rural ?

Alexis Nicolas Daage a beaucoup bougé, changeant plusieurs fois de commune durant sa vie, selon les affectations de son père, puis des siennes. Il est cependant toujours resté dans le département de la Seine-et-Marne, dans des villes et villages plutôt petits, le plus grand étant Varreddes, 1500 habitant. Il n’a donc pas connu l’exode rural.

25. Quel est le dernier lieu sur lequel il a posé les yeux ?

Passant sa retraite d’instituteur dans sa commune d’origine, Montreuil-aux-lions, il vit dans une petite maison du hameau de Montbertain avec son épouse Marie-Thérèse Chartier. La dernière chose qu’il vit avant de fermer les yeux définitivement est son épouse, à son chevet, dans leur maison.

26. Quelles ont été les circonstances de son décès ?

Alexis Nicolas Daage s’éteint en effet à son domicile le 30 juin 1854, à six heures du soir, au hameau de Montbertain, commune de Montreuil-aux-lions. Il a alors 66 ans. Son décès sera déclaré deux heures plus tard à la mairie, par deux voisins. Alexis Nicolas Daage est probablement mort de vieillesse et des problèmes de santé s’y rapportant.

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